- 17 Dec, 2025 *
Je pensais avoir lu ce roman dans mon adolescence mais il semblerait que non.
C’est désormais chose faite.
La critique sera je pense assez rapide. Il y aura un peu de spoil mais en même temps il est sorti depuis plus de 80 ans donc bon...
J’ai bien aimé cet ouvrage, vraiment, sauf la partie 4 qui représente exactement le super patriarcat socio économique et le contrôle de la reproduction des femmes.
Blanche, la pauvre jeune femme est prête à tout pour monter socialement, même à épouser Seita, richissime homme d’affaire qui contrôle les médias en l’an 2051. Il est petit, laid, peu amène même s’il a de bonnes manières. Elle le dit d’ailleurs elle même. Il ne lui fait pas envie, mais pour sortir de sa condition modeste, elle s’en accommodera bien.
Finalement …
- 17 Dec, 2025 *
Je pensais avoir lu ce roman dans mon adolescence mais il semblerait que non.
C’est désormais chose faite.
La critique sera je pense assez rapide. Il y aura un peu de spoil mais en même temps il est sorti depuis plus de 80 ans donc bon...
J’ai bien aimé cet ouvrage, vraiment, sauf la partie 4 qui représente exactement le super patriarcat socio économique et le contrôle de la reproduction des femmes.
Blanche, la pauvre jeune femme est prête à tout pour monter socialement, même à épouser Seita, richissime homme d’affaire qui contrôle les médias en l’an 2051. Il est petit, laid, peu amène même s’il a de bonnes manières. Elle le dit d’ailleurs elle même. Il ne lui fait pas envie, mais pour sortir de sa condition modeste, elle s’en accommodera bien.
Finalement c’est François, son amour pré destiné (par qui ? -> les parents à priori) qui va la sauver de la déroute dans Paris, des pillards, du feu, de la soif, de tout. Dans tout l’ouvrage, elle est spectatrice, elle ne fait rien pour la communauté des survivants sinon être presque considérée comme un bagage.
C’est d’autant plus criant quand François vient la sortir de la grande tour de Seita, avec ses plus de 90 étages. Elle est inconsciente car malade d’un mal non expliqué, mais qui à priori s’abat seulement sur les jeunes femmes vierges (coucou le cliché de la pureté et de la femme de vertu -> patriarcat). A ce moment, c’est François qui la porte entièrement, exactement comme un sac à dos jusqu’en bas (elle est littéralement attachée à son dos). Il la sauve, certes, mais elle n’a pas le choix que d’être sauvée.
Sortons un peu des clichés du patriarcat et sur l’aspect SF et post-apo : super roman, bien crado sur certaines scènes (les morts qui décongèlent, la vermine, les cadavres pourrissant qu’ils croisent dans la ville en essayant d’en sortir). C’est brut, c’est rude. François devient un leader intraitable.
Une sentinelle de son clan qui doit surveiller la nuit s’est endormie, ils se retrouvent cernés par les flammes de l’incendie global qui ravage le monde. François réveille la sentinelle pour lui montrer son erreur et l’abat d’un coup de hache. Cet épisode tient en 2 lignes.
La situation est criante d’actualité. Tout le monde est dépendant des machines, plus personne ne sait rien faire de ses dix doigts. J’aime bien cette notion du retour à la terre, cette notion de ceux qui n’ont pas oublié le labeur pourront s’en sortir. Je pense qu’on est de nos jours dans une situation analogue où même certains regardent des vidéos pour changer une roue de voiture. Bref, heureusement que notre monde ne s’écroule pas (encore).
Un exemple intéressant de la bêtise des gens. François, qui est notre sauveur dans l’histoire, capture des poules et propose de faire une poule au pot. Une survivante femme pour "montrer qu’elle est une bonne ménagère" propose de le faire, car c’est un plat que son mari adorait, elle était un vrai petit cordon bleu. Sauf que le poulet de la ville n’a pas de plume ou d’entrailles, si bien qu’elle met juste à bouillir la poule telle quelle dans l’eau, sans la plumer ou la vider. Ça semble effarant mais quand je vois de nos jours certains comportements, je me dis que ce n’est peut être pas aussi étrange que cela.
Les vélos et les chevaux deviennent des éléments centraux dans l’œuvre. C’est simple et ça fonctionne encore. J’attends Bikepunk de Ploum sous le sapin et je crois bien que c’est exactement de cela qu’il s’agit. Quand le monde s’effondrera, les vélos vaudront plus que l’or de par leur utilité intrinsèque.
Bref, notre petite troupe de survivants arrive quand même à quitter Paris et à rejoindre après mille péripéties le village de Vaux (plus ou moins là où Barjavel à grandit). Il ne reste quasi rien mais la maman de François est toujours là. Les parents de Blanche sont morts (bah tu n’as plus le choix ma petite chérie il faut vivre avec François désormais OK ?). Par un heureux hasard pour les hommes, il y a 4x plus de femmes que d’hommes.
C’est là qu’on rentre dans le patriarcat pur et dur (d’ailleurs la quatrième partie du roman s’appelle à juste titre "LE PATRIARCHE").
Comme il y a plus de femmes, François veut repeupler la terre et donc il promulgue la polygamie. Il dit d’ailleurs que comme ça les hommes sont heureux de changer de style de femme dans la semaine. Je ne sais pas si en 1942 Barjavel était célibataire ou pas mais ça semble relever d’un sacré fantasme quand même !
Donc bref, notre bon et bienfaiteur François fait 17 enfants à Blanche, qui meurt avant lui (sans déconner) -> contrôle de la reproduction.
Il a ensuite, à l’orée de sa mort (car il vit plus de 120 ans) 7 femmes, une par jour. Il a en tout quelque chose comme 208 fils et une fille. La transmission du pouvoir dans les villages se fait d’hommes à hommes évidemment. Les femmes servent à faire des bébés et sont heureuses qui plus est (enfin on apprend qu’elles sont heureuses sur une seule ligne, il n’y a pas plus de détails).
Il marie sa fille à l’homme le plus valeureux, qui assurera la suite de la lignée -> patriarcat, patriarcat et toujours le patriarcat.
A la toute fin, juste avant qu’un de ses fils le tue, celui ci arrive avec une sorte de tracteur à vapeur qu’il a fabriqué de ses mains. Il n’a pas eu accès à la science car son père a fait brûler tous les bouquins sauf la poésie, afin d’éviter que les hommes ne repartent dans leur folie. Mais comme il est loin d’être con, il invente ça tout seul, en secret.
Son fils est tout heureux de proposer quelque chose qui va réduire la pénibilité du travail. Son père se met en colère et veut détruire cette abomination. Son fils, perdu, agacé, le tue d’un coup de masse dans la tête.
Finalement, le promis de sa fille écrase le fils parricide et fait partir sa machine dans un vallon où elle se disloque.
Bilan final :
C’est un bon bouquin d’anticipation si on le replace dans son contexte. De nos jours, il nous parle encore fortement, notamment la dépendance aux machines et à l’électricité. Pour moi, la partie 4 démontre un point de vue très clinique, très gestionnaire à la François. Je prends des décisions, c’est moi le chef, tout le monde est d’accord, je ne négocie pas. Il y a plus de femmes et il faut repeupler la terre = polygamie. Les corps sont réassignés à leur fonction de base. Un homme est fait pour féconder des femmes, et puis voilà.
En fait, le personnage de François est un gestionnaire qui n’est pas méchant en soi. Il apporte des solutions tout à fait logiques, sans s’encombrer de morale particulière. Comme un homme de base -> Problème = Solution.
D’une façon générale, j’aime bien Barjavel mais cet ouvrage est quand même particulièrement agressif envers les femmes de ce point de vue. Je n’ai pas ressenti cela dans la Nuit des Temps par exemple, ou le Voyageur Imprudent (mais peut être que mon œil n’était pas aussi affûté à ce sujet à l’époque).