- 15 Dec, 2025 *
Le 15 décembre 2025, Aujourd’hui je pense à mon ami Pehuen. En russe il y a un terme que les babouschkas (les grands mères) utilisent affectueusement en parlant d’un enfant ou d’une personne, elles disent "золотой", doré. C’est ce mot, cette adjectif qui me vient à l’esprit en pensant à Pehuen, "zolotoï Pehuen". Il n’y a pas de rapport avec la valeur d’argent, mais avec la valeur humaine, le caractère, l’énergie de la présence. Pehuen et moi sommes partis à deux reprises dans le grand Nord, la première fois un mois dans la taïga finlandaise en décembre 2018 (si ma mémoire est bonne), la deuxième fois trois mois en Sibérie l’été passé (2025). Pendant plusieurs mois nous avons partagé notre quotidien au cours de ces expéditions engagées. Partagé nos pensées,…
- 15 Dec, 2025 *
Le 15 décembre 2025, Aujourd’hui je pense à mon ami Pehuen. En russe il y a un terme que les babouschkas (les grands mères) utilisent affectueusement en parlant d’un enfant ou d’une personne, elles disent "золотой", doré. C’est ce mot, cette adjectif qui me vient à l’esprit en pensant à Pehuen, "zolotoï Pehuen". Il n’y a pas de rapport avec la valeur d’argent, mais avec la valeur humaine, le caractère, l’énergie de la présence. Pehuen et moi sommes partis à deux reprises dans le grand Nord, la première fois un mois dans la taïga finlandaise en décembre 2018 (si ma mémoire est bonne), la deuxième fois trois mois en Sibérie l’été passé (2025). Pendant plusieurs mois nous avons partagé notre quotidien au cours de ces expéditions engagées. Partagé nos pensées, nos émotions, nos difficultés, nos peurs, notre émerveillement... Oui, notre intimité profonde, ouvert l’un à l’autre notre noyau, notre âme. Pehuen est un aventurier, l’appareil photographique qu’il utilise pour filmer et photographier est un outil de présence à l’instant, au fond plus un prétexte qu’un but en soit. J’ai vu dans ses yeux, la joie profonde lorsqu’il regardait la beauté des grands espaces sauvages, le ciel, le soleil et la lune, la rivière, l’écailles des poissons entre ses mains... Un aventurier regarde, observe, guette en permanence comme un renard... Il n’est pas question pour lui de modifier ce qui l’entoure, ni ce qu’il vit. Il garde la position d’un visiteur, d’un hôte, qui s’émerveille du beau et du laid, sans aucun jugement. Cette attitude de grand respect de "ce qui est", est un rapport au monde qui se rapproche de celui des "chasseurs-pêcheurs-cueilleurs" en contradiction avec celui des "agriculteurs", qui doivent contenir et maîtriser pour subvenir.
En écrivant je me souviens d’un jour, alors que nous étions depuis trois semaines déjà dans l’immensité sauvage de l’Oural pré-polaire, épuisés par l’effort d’une marche difficile, sans avoir mangé pendant plusieurs jours, traversant de vastes plateaux, sans arbres, ni rivière, ni lac, ni baies, ni champignons... Retrouvant finalement des forêts de bouleaux et de grands cèdres, à leurs pieds gisaient des pignons de l’an passé, la plus part étaient vides, d’autres contenaient encore des graines. Alors nous nous sommes assis, presque écroulés, sans même avoir retiré nos sacs à dos et nous avons mangé méticuleusement chaque pignons que nous pouvions dénicher, après le passage de l’hiver, des écureuils et des ours. Aucune parole ne sortait de nos bouches, peux être pour préserver la moindre goutte d’énergie, et je me souviens de ce silence et de la paix profonde de cet instant si beau que nous vivions ensembles.
Aujourd’hui j’écris pour lui, pour qu’il se souvienne que son ami Tashunka était avec lui pleinement dans ces moments de force et de faiblesse, dans les contrastes puissants de la vie aventureuses et que le mot des babouschkas résonne en moi "zolotoï Pehuen".
